Demander un logement social, c’est parfois un véritable parcours du combattant. Délais d’attente, pénurie de logements disponibles, critères d’éligibilité stricts… et, désormais, un paramètre supplémentaire à surveiller de près : la revalorisation annuelle des plafonds de ressources.
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, ces barèmes ont été mis à jour. Et si cette revalorisation suit l’évolution des prix à la consommation, elle peut aussi avoir une conséquence inattendue : vous faire sortir des critères d’attribution sans même que vos revenus n’aient réellement augmenté.
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Pourquoi vos revenus comptent autant dans l’attribution d’un logement social ?
L’attribution d’un logement social repose avant tout sur vos ressources fiscales, afin de réserver ces logements à ceux qui en ont réellement besoin. Le principe est simple : si vos revenus dépassent un certain seuil, vous ne pouvez pas accéder aux logements financés par l’État via les différents dispositifs (PLUS, PLAI, PLS, etc.).
Ces plafonds sont calculés en fonction :
- de la composition de votre foyer (personne seule, couple, enfants à charge…)
- de votre zone géographique (Paris, Île-de-France, autres régions)
- du type de financement du logement (social classique, très social ou intermédiaire)
Ils sont actualisés chaque année pour s’ajuster à l’évolution du coût de la vie. Et c’est précisément cette actualisation qui peut poser problème à certains demandeurs.
Ce qui change avec les nouveaux barèmes de 2025
En 2025, les plafonds ont été revalorisés de 2,47 %. Cela semble peu, mais cela peut suffire à exclure certains foyers dont les revenus, eux, sont restés stables mais qui se retrouvent juste au-dessus de la limite.
Prenons un exemple :
- En 2024, un couple avec un enfant en région (hors Île-de-France) pouvait accéder à un logement social s’il gagnait jusqu’à 36 366 €.
- En 2025, ce plafond est passé à 37 259 €.
Mais si vos revenus nets imposables sont légèrement supérieurs, même sans changement de votre part, vous pourriez ne plus être éligible.
C’est d’autant plus frustrant que le barème ne tient pas compte des dépenses incompressibles comme les loyers élevés du parc privé ou les charges du quotidien.
Un effet pervers pour certains demandeurs ?
La mise à jour des barèmes a pour but de maintenir l’accès au logement social malgré l’inflation. Mais dans les faits, elle peut provoquer une forme d’exclusion silencieuse pour certains profils de demandeurs :
- Des jeunes actifs en sortie d’études qui franchissent à peine le seuil fiscal.
- Des retraités modestes dont les pensions sont revalorisées chaque année sans réel gain de pouvoir d’achat.
- Des familles monoparentales dont les aides sociales augmentent légèrement, les faisant franchir la limite.
Dans certains cas, la simple prime annuelle de fin d’année ou une régularisation fiscale peut suffire à faire dépasser le seuil.
Comment savoir si vous êtes toujours éligible ?
Les revenus pris en compte sont ceux de l’année N-2, donc 2023 pour une demande faite en 2025. Cela signifie que votre situation actuelle n’est pas toujours reflétée dans l’évaluation de votre dossier.
Toutefois, si vos revenus ont chuté significativement depuis, il est possible de demander une prise en compte des revenus plus récents, sous certaines conditions (baisse d’au moins 10 %, licenciement, passage au temps partiel subi, etc.).
Il est donc important de :
- Vérifier votre revenu fiscal de référence sur votre avis d’imposition.
- Comparer ce revenu au plafond applicable à votre situation.
- Signaler tout changement important à votre bailleur social ou au service instructeur.
Que faire si vos revenus dépassent légèrement le plafond ?
Pas de panique. Il existe des logements à loyers intermédiaires, financés par d’autres dispositifs (comme le PLS), accessibles à des plafonds de ressources plus élevés, généralement majorés de 30 % par rapport au logement social classique.
Ces logements sont souvent moins nombreux, mais ils constituent une alternative utile pour les « limites de seuil », ces ménages qui ne sont ni suffisamment pauvres pour accéder au logement social classique, ni assez aisés pour se loger sereinement dans le parc privé.
La vigilance est de mise pour les demandeurs en attente
Si vous avez déjà fait une demande de logement social, pensez à la mettre à jour chaque année, notamment en fournissant vos nouveaux justificatifs de ressources. Car même si votre situation ne change pas, les critères évoluent, eux.
De nombreuses situations bloquent les dossiers sans que les demandeurs ne soient informés immédiatement :
- changement de situation familiale,
- petite hausse de revenus,
- nouvelle affectation de zonage…
Un dossier inactif ou non conforme peut être automatiquement sorti des listes d’attente sans notification explicite.
Un système qui favorise encore les plus informés
Il faut le dire : l’information sur les barèmes et les conditions d’éligibilité reste technique, et tous les demandeurs n’ont pas les outils pour s’y retrouver. Ceux qui connaissent bien le système peuvent ajuster leur dossier, argumenter, transmettre des justificatifs actualisés, voire faire appel à des associations. Les autres risquent d’être pénalisés sans même le savoir.
Dans un contexte de forte tension sur le logement social, ces petits détails administratifs peuvent faire toute la différence. Mieux vaut donc rester vigilant, informé et réactif. Un rendez-vous avec un conseiller logement ou un travailleur social peut parfois suffire à débloquer une situation.
Rédacteur en chef et dirigeant de société, sa vision guide la ligne éditoriale de Passion Entrepreneur