
Le Plan Épargne Retraite (PER), lancé en 2019 pour remplacer les anciens dispositifs de retraite complémentaire (PERP, Madelin, Préfon…), est devenu en quelques années un outil phare de préparation à la retraite. Il séduit pour sa souplesse, sa portabilité… et surtout ses avantages fiscaux.
Mais ce succès pourrait bien être freiné. En 2025, le gouvernement et certains parlementaires envisagent une réforme ciblée du PER, avec l’objectif de limiter les stratégies d’optimisation fiscale qui se sont multipliées ces dernières années. Voici ce qui pourrait changer — et ce que cela impliquerait pour les épargnants.
Sommaire
Un dispositif fiscalement avantageux… pour l’instant
Actuellement, le PER offre l’un des avantages fiscaux les plus attractifs du paysage de l’épargne en France :
- Les versements volontaires peuvent être déduits du revenu imposable, dans la limite d’un plafond annuel personnalisé.
- Cette déduction permet une économie immédiate d’impôt souvent significative, surtout pour les foyers imposés dans les tranches élevées.
- À la retraite, le capital est récupérable en rente ou en capital, avec une fiscalité variable selon les choix effectués.
En parallèle, le PER bénéficie également d’une fiscalité avantageuse en cas de décès : les sommes versées aux héritiers ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu et peuvent bénéficier d’abattements spécifiques selon le contrat.
Pourquoi une réforme est envisagée ?
Plusieurs raisons poussent les pouvoirs publics à envisager un ajustement du PER :
1. Limiter les effets d’aubaine en fin de carrière
De plus en plus de contribuables à hauts revenus ouvrent un PER juste avant la retraite, effectuent des versements importants pour les déduire de leur revenu imposable, puis récupèrent le capital quelques années plus tard.
Ce « tour de passe-passe fiscal », bien que légal, est jugé contraire à l’esprit initial du dispositif, qui visait à inciter à une épargne longue.
2. Réduire le coût pour les finances publiques
Les déductions fiscales liées au PER représentent des centaines de millions d’euros d’abattements fiscaux chaque année. Dans un contexte de maîtrise budgétaire, ces niches fiscales sont régulièrement dans le viseur des réformes.
3. Harmoniser les règles successorales
En cas de décès avant liquidation du plan, la fiscalité du PER est aujourd’hui particulièrement douce. Ce traitement différencié, notamment par rapport à l’assurance-vie, est considéré comme source d’iniquité.
Ce qui pourrait changer en 2025
Plusieurs pistes sont à l’étude, et certaines font déjà l’objet de propositions concrètes :
✅ Instauration d’un âge limite pour les déductions fiscales
L’idée serait de limiter la déduction des versements volontaires à un âge maximal, probablement autour de 64 ans. Passé cet âge, il ne serait plus possible de bénéficier de l’avantage fiscal à l’entrée.
✅ Modification de la fiscalité en cas de décès
Si le titulaire décède avant d’avoir liquidé son PER, les sommes versées aux héritiers pourraient ne plus être totalement exonérées. Elles seraient réintégrées dans l’assiette de l’impôt sur le revenu ou soumises aux droits de succession selon leur montant.
✅ Plafonnement des déductions fiscales
Une autre option consisterait à limiter le montant annuel déductible, en réduisant le plafond ou en appliquant un plafond global à certaines niches fiscales, incluant le PER.
Qui serait le plus concerné par cette réforme ?
Ces évolutions, si elles sont votées, viseraient avant tout les épargnants les plus aisés, qui profitent actuellement au maximum des déductions fiscales offertes par le PER.
Les profils les plus concernés seraient donc :
- Les salariés en fin de carrière, proches de la retraite.
- Les indépendants et professions libérales à hauts revenus.
- Les épargnants anticipant une transmission patrimoniale via le PER.
Pour les jeunes actifs ou les épargnants modestes qui versent régulièrement sur un PER dans une logique long terme, l’impact serait beaucoup plus limité.
Faut-il anticiper ces changements ?
Dans l’attente d’une réforme officielle, certaines stratégies peuvent être envisagées pour sécuriser les avantages actuels :
- Effectuer des versements volontaires tant que la déductibilité est intacte.
- Ouvrir un PER rapidement si ce n’est pas encore fait, surtout si vous êtes proche de la retraite.
- Évaluer l’intérêt de la pré-affectation en capital ou en rente, selon vos objectifs.
- Consulter un conseiller en gestion de patrimoine pour mesurer les impacts d’un changement de régime fiscal sur votre planification retraite.
Le Plan Épargne Retraite pourrait perdre, en partie, les atouts fiscaux qui ont contribué à son succès fulgurant. Si les pistes évoquées venaient à être confirmées, 2025 marquerait un tournant dans la stratégie d’épargne retraite des Français, avec un recentrage sur l’objectif long terme… et moins sur les logiques d’optimisation en fin de carrière.
Pour ceux qui comptaient sur le PER comme levier fiscal de dernière minute, le compte à rebours est peut-être déjà lancé.
Rédacteur en chef et dirigeant de société, sa vision guide la ligne éditoriale de Passion Entrepreneur