
Lancé début 2025 dans un contexte encore tendu autour de la réforme des retraites, le conclave social voulu par le gouvernement s’est achevé après plusieurs semaines de discussions avec les partenaires sociaux. Présenté comme un espace de dialogue ouvert pour revisiter certains points sensibles de la réforme de 2023, il a finalement laissé un goût d’inachevé.
Entre désaccords persistants, retrait progressif de certains syndicats et absences d’annonces fortes, ce conclave se clôt sans véritable percée politique ni consensus. Retour sur une tentative de concertation qui n’a pas tenu toutes ses promesses.
Sommaire
Un dialogue annoncé comme ouvert… mais rapidement sous tension
À l’origine, le conclave avait pour ambition de « remettre du lien » entre l’exécutif et les organisations syndicales, après une réforme imposée qui avait provoqué une crise sociale majeure. Le gouvernement souhaitait donner des gages d’écoute, en acceptant d’aborder des sujets jusqu’ici bloqués : pénibilité, carrières longues, minimum contributif, emploi des seniors, ou encore modalités de départ anticipé.
Dès les premières réunions, les syndicats avaient posé leurs lignes rouges, à commencer par l’âge légal de départ à 64 ans, qu’ils continuent massivement de contester. Si le gouvernement avait promis de « ne pas figer les débats », il est rapidement apparu que certains leviers, comme un retour à 62 ans, restaient hors de la table, ce qui a alimenté une certaine défiance.
Des désaccords persistants sur les sujets centraux
Au fil des séances de travail, plusieurs sujets ont fait l’objet de constats partagés :
- Le manque de reconnaissance de la pénibilité pour certaines professions,
- La complexité d’accès au dispositif carrière longue,
- Ou encore l’insuffisance des dispositifs d’accompagnement des fins de carrière.
Mais dès qu’il s’agissait d’ouvrir des perspectives de réforme concrète, les lignes de fracture réapparaissaient. Le gouvernement avançait des ajustements techniques ou paramétriques, quand les syndicats demandaient des changements de fond sur les conditions d’âge ou la durée de cotisation. Résultat : peu de propositions concrètes mises sur la table, et aucun accord formel trouvé.
Des syndicats qui ont fini par claquer la porte
Face à ce qu’ils ont considéré comme une impasse programmée, plusieurs syndicats ont décidé de se retirer du processus, estimant que le dialogue était en réalité cadenassé. D’autres ont choisi de rester pour porter la voix des salariés jusqu’au bout, tout en soulignant le manque d’écoute réelle et l’absence d’engagements clairs de la part de l’exécutif.
Le retrait progressif des partenaires sociaux a considérablement affaibli la dynamique du conclave, rendant toute perspective de consensus impossible.
Un bilan très limité, et une suite incertaine
À l’issue des travaux, le gouvernement s’est engagé à publier une synthèse des échanges, mais sans calendrier précis ni mesures immédiates. Plusieurs points évoqués pourraient faire l’objet de concertations sectorielles ultérieures, notamment sur :
- La création d’un compte pénibilité simplifié,
- L’amélioration du minimum contributif,
- Ou l’aménagement des fins de carrière dans les fonctions publiques.
Mais dans l’immédiat, aucun projet de loi n’est prévu à la suite du conclave, ce qui renforce l’impression d’un rendez-vous manqué.
Une méthode à revoir pour retisser la confiance
Ce conclave illustre la crise de confiance persistante entre l’exécutif et les syndicats. Si les intentions étaient affichées comme vertueuses, la méthode du dialogue semble n’avoir convaincu ni les partenaires sociaux, ni une partie de l’opinion publique.
Les retraites restent un sujet explosif en France, et sans une réforme portée collectivement, tout ajustement apparaît désormais comme illégitime ou imposé d’en haut.
Un résultat mitigé pour un enjeu majeur
Le conclave sur les retraites, qui se voulait un moment de respiration démocratique après une réforme contestée, s’est terminé dans une forme de flou. Pas de rupture, mais pas d’avancée décisive non plus.
Dans un pays où la retraite est au cœur du pacte social, l’attente d’un dialogue sincère et transparent reste forte. Le gouvernement sort de cette séquence avec une responsabilité accrue : celle de trouver d’autres formes de concertation, ou à défaut, de porter seul les prochaines décisions — au risque de raviver une nouvelle fois la contestation.
Rédacteur en chef et dirigeant de société, sa vision guide la ligne éditoriale de Passion Entrepreneur