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Retraités : abattement fiscal de 10 % pour réduire les dépenses de santé et de dépendance

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L'abattement fiscal des retraités pour réduire leur dépenses

Depuis quelques semaines, l’abattement fiscal de 10 % accordé aux retraités fait l’objet d’une controverse grandissante. Tandis que la motion de censure a empêché la sous-revalorisation des pensions en 2025, une nouvelle cible semble se dessiner : cet avantage fiscal, en place depuis 1978, est jugé par certains comme obsolète. Le débat, relayé par plusieurs médias et soutenu par des organismes comme le MEDEF et le Conseil d’orientation des retraites (COR), polarise les opinions. Pourtant, derrière cette mesure se cache une logique qui va bien au-delà d’un simple « cadeau fiscal ». Nous faisons le point sur l’abattement fiscal de 10% pour les retraités et sa fonction. 

Une pression accrue sur les retraités

Les retraités subissent depuis une décennie une diminution marquée de leur pouvoir d’achat. Entre la hausse de la Contribution sociale généralisée (CSG) en 2018 et les multiples gels ou sous-indexations des pensions, les pertes cumulées atteignent entre 10 % et 15 % selon les catégories.

Pendant ce temps, la population générale a bénéficié d’une augmentation moyenne de 6 % et cette tendance est particulièrement marquée pour les revenus modestes à intermédiaires, avec des seuils de vie souvent sous-estimés.

L’idée que des retraités gagnant plus de 2 000 euros par mois puissent être qualifiés de « privilégiés » reflète une méconnaissance des réalités.
À ce titre, de nombreuses voix dénoncent une volonté de faire financer les déficits publics par ceux qui ne peuvent plus compter sur des revenus d’activité, un choix qualifié de biaisé et déséquilibré.

Un abattement justifié par des frais liés à l’âge

L’abattement fiscal de 10 % est parfois mal compris car initialement conçu comme une déduction forfaitaire pour frais professionnels destinée aux salariés, il a été élargi aux retraités pour garantir une certaine équité fiscale.

Cependant, au-delà de ce principe, cet avantage répond à une réalité spécifique : les retraités font face à des charges croissantes en matière de santé et de dépendance.

Contrairement aux actifs, ils ne bénéficient pas d’aides conditionnées à des plafonds de revenus, telles que :

  • L’Allocation personnalisée d’autonomie (APA)
  • Le remboursement des frais de transport médical
  • La Complémentaire santé solidaire
  • Les aides ménagères à domicile subventionnées
  • Le portage des repas assuré par les collectivités

Ces dépenses, souvent imprévues, pèsent lourdement sur le budget des retraités. Bien que plafonné à 4 300 euros, soit bien en deçà des 14 000 euros accordés aux actifs, cet abattement reste une réponse nécessaire aux spécificités de cette tranche de la population.

Si l’abattement fiscal est supprimé, il est clair que les revenus des retraités seront encore réduits.

Une érosion constante des pensions

La baisse du pouvoir d’achat des retraités se manifeste également par un tassement du taux de remplacement, qui mesure le rapport entre la pension perçue et le dernier salaire.

En France, ce taux atteint en moyenne 72 %, ce qui place le pays dans la moyenne européenne. Cependant, des disparités importantes existent :

Niveau de revenu Taux de remplacement moyen
SMIC 79 %
Cadres moyens 60 % à 65 %
Cadres supérieurs 50 %

Une suppression contestée et des débats animés

Ces écarts illustrent le poids croissant des charges fixes, notamment pour les retraités appartenant aux classes moyennes, souvent exclus des aides sociales et confrontés à une diminution significative de leur niveau de vie.

La question de la suppression de l’abattement a enflammé les débats publics et le 21 janvier, sur France Info, un représentant des retraités a tenté de défendre cet avantage historique face à plusieurs journalistes et experts, mais son intervention a été interrompue à plusieurs reprises.

Le lendemain, sur BFM TV, l’animatrice a insisté auprès de Manuel Bompard pour remettre le sujet sur la table, reflétant une volonté de pousser cette mesure dans l’opinion publique.

Du côté du gouvernement, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, s’est déclarée favorable à une suppression, tandis que le Premier ministre François Bayrou s’est montré plus réservé. Cette divergence souligne les tensions sur un dossier sensible, qui touche directement une population déjà fragilisée.