
Bonne nouvelle pour les futurs retraités du secteur privé : le malus Agirc-Arrco disparaît enfin. Ce dispositif, instauré en 2019 dans le cadre de la fusion des régimes complémentaires Agirc et Arrco, pénalisait les assurés prenant leur retraite dès qu’ils atteignaient l’âge légal. Son objectif était d’inciter les salariés à travailler une année supplémentaire, en appliquant une minoration temporaire de 10 % sur leur pension complémentaire.
Après plusieurs années de critiques et de mécontentement, ce malus tant décrié prend fin. Quelles sont les conséquences concrètes pour les retraités actuels et futurs ? Qui bénéficie réellement de cette suppression ? Décryptage des changements à venir.
Sommaire
Le malus Agirc-Arrco : pourquoi et comment fonctionnait-il ?
Un dispositif destiné à retarder les départs à la retraite
Mis en place en 2019, le malus Agirc-Arrco, également appelé coefficient de solidarité temporaire, visait à inciter les salariés à prolonger leur activité au-delà de l’âge minimum de départ à la retraite. En effet, toute personne liquidant sa retraite complémentaire dès qu’elle remplissait les conditions pour obtenir une pension de base à taux plein voyait sa pension Agirc-Arrco réduite de 10 % pendant 3 ans, avec un plafonnement à l’âge de 67 ans.
Ce malus s’appliquait à tous les retraités du secteur privé nés après 1957, sauf exceptions (invalidité, inaptitude, carrières longues ou faibles revenus). En revanche, les salariés acceptant de décaler leur départ d’au moins un an après l’obtention du taux plein évitaient cette pénalisation et pouvaient même bénéficier d’un bonus en cas de prolongation plus importante.
Une mesure vivement critiquée
Dès son entrée en vigueur, ce dispositif a suscité une vive opposition, notamment de la part des syndicats et des associations de retraités. Les critiques portaient sur plusieurs points :
- Une pénalisation injuste des retraités qui, après une carrière complète, se voyaient imposer une décote temporaire.
- Un dispositif complexe et mal compris, rendant difficile l’anticipation des montants réellement perçus.
- Un effet limité sur les finances du régime Agirc-Arrco, alors que le régime complémentaire se porte bien financièrement.
Face à ces contestations, et dans un contexte de réforme des retraites, les partenaires sociaux ont décidé de mettre fin à ce malus dès le 1ᵉʳ avril 2024.
Ce que la suppression du malus change concrètement
Les futurs retraités ne subiront plus de décote
La fin du malus Agirc-Arrco signifie que tous les nouveaux retraités à partir du 1ᵉʳ avril 2024 percevront leur pension complémentaire sans minoration dès l’âge légal de départ à la retraite (62 ans, voire 64 ans selon la réforme en cours). Ils n’auront plus à attendre une année supplémentaire pour éviter cette pénalité.
Un gain immédiat pour les retraités concernés
Prenons un exemple concret :
- Avant, un salarié quittant son emploi dès l’obtention du taux plein et percevant 1 500 € de retraite complémentaire voyait ce montant réduit à 1 350 € pendant trois ans à cause du malus.
- Avec la suppression du dispositif, ce même retraité touchera immédiatement l’intégralité de sa pension complémentaire, soit 1 500 € par mois, sans réduction temporaire.
Qu’en est-il des retraités qui subissaient déjà le malus ?
Un point important à noter : les retraités qui subissent actuellement le malus ne seront pas remboursés des sommes déjà prélevées. En revanche, ceux qui auraient dû encore le subir verront leur pension revenir à 100 % dès avril 2024.
Ceux qui ont fait le choix de reporter leur départ pour éviter le malus n’obtiennent aucun avantage rétroactif, ce qui pourrait être perçu comme une inégalité entre différentes générations de retraités.
Pourquoi cette suppression maintenant ?
Une mesure attendue dans un contexte de réforme des retraites
La suppression du malus intervient dans un climat social tendu autour de la réforme des retraites. Alors que l’âge légal de départ a été repoussé progressivement à 64 ans, la disparition de ce dispositif est vue comme une concession aux retraités du secteur privé, permettant d’atténuer la rigueur des nouvelles règles.
Des finances solides pour l’Agirc-Arrco
Autre élément clé : le régime de retraite complémentaire est excédentaire, avec une situation financière bien meilleure que celle du régime général. Les partenaires sociaux, qui gèrent l’Agirc-Arrco, ont donc estimé que le maintien du malus n’était plus justifié et qu’il pouvait être supprimé sans mettre en péril l’équilibre du régime.
Une réforme favorable aux futurs retraités
La fin du malus Agirc-Arrco constitue une avancée pour des millions de futurs retraités du secteur privé. Dès avril 2024, ceux qui liquideront leur retraite complémentaire dès l’âge légal n’auront plus à subir cette pénalité de 10 % pendant trois ans.
Si cette mesure est accueillie favorablement, elle suscite néanmoins des interrogations pour ceux qui, dans le passé, ont décalé leur départ pour éviter cette minoration. Faut-il voir cette suppression comme une victoire sociale ou un ajustement logique ? Une chose est sûre, cette évolution apporte plus de clarté et de justice dans le calcul des pensions complémentaires.
Avec cette réforme, la retraite complémentaire retrouve une certaine simplicité et garantit aux assurés une meilleure visibilité sur leur pension dès leur départ à la retraite.
Rédacteur en chef et dirigeant de société, sa vision guide la ligne éditoriale de Passion Entrepreneur