Ils passent des décennies à servir l’intérêt général, mais leur retraite, elle, s’annonce bien trop courte. Dans la fonction publique hospitalière (FPH) et territoriale (FPT), certains agents voient leur espérance de vie amputée dès qu’ils quittent leur poste. Ceux qui partent pour invalidité, souvent après des années de labeur éprouvant, sont particulièrement touchés. Aides-soignants, agents d’entretien, éboueurs ou policiers municipaux, tous exercent des métiers où la pénibilité physique et les horaires décalés usent prématurément les corps. Résultat : une retraite abrégée, marquée par une longévité réduite et un état de santé fragilisé. L’étude de la Caisse des Dépôts met en lumière une inégalité frappante : plus un agent occupe un poste exposé, plus son temps de vie après la carrière s’amenuise. Voici les raisons pour lesquelles la durée de vie des fonctionnaires est plus courte.
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Une longévité réduite après une carrière éprouvante
Dans la fonction publique, tous les retraités ne sont pas égaux face à l’espérance de vie. Les agents de catégorie C, qui occupent des fonctions nécessitant un effort physique constant, sont 4 à 5 fois plus nombreux que leurs homologues de catégorie A à quitter leur emploi pour invalidité.
Cette disparité s’explique par la nature même des tâches accomplies au quotidien :
- Des horaires de travail atypiques, incluant des services de nuit ou des roulements perturbant l’horloge biologique
- Une pénibilité physique intense, favorisant l’apparition de pathologies musculo-squelettiques ou de troubles chroniques
- Un environnement de travail exposant à des risques accrus, notamment dans les hôpitaux, les services de propreté urbaine ou les forces de l’ordre
Certains postes pourront profiter du compte de pénibilité et ainsi partir en retraite de manière anticipée.
Les cadres de la fonction publique, majoritairement en catégorie A, sont bien moins exposés à ces contraintes. Leur activité professionnelle repose davantage sur des tâches administratives ou intellectuelles, ce qui leur permet de préserver leur santé plus longtemps et, par extension, de jouir d’une retraite plus longue.
Un écart frappant entre les types de départs en retraite
L’étude de la Caisse des Dépôts met en lumière un fait troublant : les fonctionnaires ayant dû partir pour invalidité vivent significativement moins longtemps que ceux ayant bénéficié d’un départ à la retraite classique.
Une femme de 65 ans qui quitte la fonction publique pour invalidité dispose d’une espérance de vie de 20,1 ans, contre 23,7 ans pour ses collègues en retraite vieillesse. L’écart est encore plus marqué chez les hommes : 5 ans de moins pour ceux contraints de partir pour raisons de santé.
Le tableau suivant résume ces différences selon la catégorie et le type de départ :
Catégorie | Type de départ | Espérance de vie restante à 65 ans (femmes) | Espérance de vie restante à 65 ans (hommes) |
---|---|---|---|
Catégorie A | Retraite vieillesse | 23,7 ans | 19,2 ans |
Catégorie B | Retraite vieillesse | 22,5 ans | 18,1 ans |
Catégorie C | Retraite vieillesse | 21,0 ans | 17,0 ans |
Catégorie C | Retraite pour invalidité | 20,1 ans | 14,2 ans |
La position hiérarchique joue également un rôle déterminant dans la longévité post-retraite. L’étude montre que les agents de catégorie C vivent presque 3 ans de moins que ceux de catégorie A, et 2 ans de moins que ceux de catégorie B.
En somme, pour ces travailleurs, l’accès à la retraite s’accompagne d’un temps réduit pour en profiter, une réalité qui interroge sur les conditions de fin de carrière au sein de la fonction publique.
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