
L’épargne retraite fascine, s’invite dans toutes les conversations autour du café ou lors des dîners entre amis, et cristallise un rêve bien français : celui de sécuriser l’avenir sans perdre le sommeil sur la volatilité des marchés. Au fil des mois et des annonces gouvernementales, le Plan Épargne Retraite (PER) a pris une place essentielle dans la panoplie du futur retraité avisé. Mais, à mesure que la gestion pilotée à horizon s’impose dans les catalogues des banques et assureurs, une question taraude de plus en plus d’épargnants : est-ce vraiment le bon moment pour changer de mode de gestion ? Entre promesses de rendement, formule « mains libres » et prudence face au contexte économique, le débat fait rage. Plongée dans une mécanique qui intrigue, rassure, mais mérite avant tout d’être bien comprise.
Sommaire
Prendre les rênes ou faire confiance à la gestion pilotée : de quoi parle-t-on vraiment ?
Comprendre le fonctionnement de la gestion pilotée à horizon
La gestion pilotée à horizon, c’est un peu comme confier son bateau à un équipage de professionnels : on décide de la destination (la retraite), mais ce sont les experts qui hissent les voiles et ajustent le cap en fonction de la météo financière. Ici, l’épargne est confiée à des gestionnaires qui font évoluer la répartition des investissements automatiquement : beaucoup d’actions quand la retraite est lointaine, puis une migration graduelle vers des supports moins risqués à l’approche du grand départ. Ce mode de gestion se veut évolutif, s’adaptant à l’âge, au profil de risque et à la durée restante avant la sortie du PER.
Ce qui différencie la gestion pilotée des autres options disponibles
Contrairement à la gestion libre où l’épargnant choisit lui-même la composition de son portefeuille, la gestion pilotée à horizon délègue cette mission à des spécialistes. C’est aussi cette méthode par défaut sur les nouveaux PER, sauf volonté expresse du souscripteur. Autrement dit, sauf choix affirmé, c’est l’option la plus fréquente aujourd’hui pour qui souhaite préparer sa retraite tout en se dégageant des contraintes de suivi et d’arbitrage régulier des placements. Quant à la gestion sous mandat, elle peut exister parallèlement, mais la gestion à horizon se distingue par son calendrier de sécurisation progressif.
Pourquoi la gestion pilotée à horizon séduit autant les épargnants aujourd’hui ?
Les promesses d’un accompagnement sans stress sur le long terme
Simplicité et tranquillité d’esprit : voilà ce que recherchent de plus en plus de Français face à la complexité des marchés. En optant pour la gestion pilotée à horizon, ils choisissent un suivi et des arbitrages assurés par des professionnels qui connaissent les mouvements de l’économie et anticipent les risques à venir. Résultat : moins de gestion quotidienne, moins de décisions à prendre soi-même, et l’assurance que la stratégie reste alignée avec le projet de retraite. Surtout, nul besoin de maîtriser les mécanismes des marchés boursiers : la délégation fait office de pilote automatique, avec le confort que cela procure.
Une approche qui suit le fil de la vie… et rassure sur la volatilité des marchés
La gestion pilotée à horizon n’est pas qu’une histoire de rendement : c’est une question d’évolution, parfaitement synchronisée avec les étapes majeures de l’existence. Jeune actif ? Le PER fait la part belle aux actifs dynamiques, comme les actions, pour profiter du temps et de leur potentiel de performance. À l’approche de la retraite, le portefeuille bascule vers davantage d’obligations et de produits plus stables, afin de limiter le risque de perte à la veille de la sortie du capital. En résumé : l’évolution de l’allocation suit votre progression vers la retraite, en prenant en compte la réalité des marchés. Et pour beaucoup, c’est la vraie force de cette gestion.
Les opportunités à saisir (ou pas) en 2024 : est-ce le bon moment de sauter le pas ?
Ce que le contexte économique actuel change pour la gestion pilotée
2024 et 2025 resteront, pour bien des analystes, des années charnières : inflation persistante en zone euro, taux directeurs maintenus à des niveaux élevés, et persistance de la volatilité sur les marchés actions. Dans ce paysage, la gestion pilotée à horizon tire son épingle du jeu : elle permet d’automatiser les prises de décision en période d’incertitude et de s’adapter rapidement aux secousses économiques. Néanmoins, attention : qui dit automatisation ne veut pas toujours dire adaptation parfaite à toutes les situations individuelles. Cet avantage, qui séduit en période de stress boursier, doit être pondéré par la volonté (ou non) de garder la main, surtout si l’on a un horizon de retraite très éloigné… ou très proche.
Les arguments pour (et contre) un changement de mode de gestion maintenant
Pourquoi envisager le changement en 2024 ? D’abord, parce que le marché offre plus de choix, avec une concurrence accrue sur les frais et la qualité des allocations d’actifs. Les outils de gestion se sont perfectionnés, permettant de mieux coller au profil de l’épargnant : profil prudent, équilibré ou dynamique, chacun trouve chaussure à son pied. Cependant, quelques freins subsistent : la fiscalité du PER reste exigeante en sortie (notamment si votre taux d’imposition ne baisse pas à la retraite), l’automatisation entraîne parfois un manque de personnalisation, et la sécurisation progressive n’élimine pas tout risque de perte en capital.
Les limites à anticiper avant de bouleverser la gestion de son PER
Les cas où la gestion pilotée pourrait ne pas vous convenir
Certaines situations méritent réflexion avant d’opter pour la gestion pilotée à horizon. Vous êtes expérimenté en gestion de portefeuille, suivez attentivement l’actualité boursière et souhaitez personnaliser chaque aspect de vos placements ? La gestion libre peut alors s’avérer plus pertinente. De même, si votre horizon de retraite est très proche et que vos revenus futurs sont incertains, anticiper davantage manuellement l’évolution de vos investissements peut s’imposer. Enfin, si vous attendez un événement personnel ou fiscal qui bouleverserait votre stratégie à court terme, la composante « automatique » pourrait ne pas être assez réactive à vos attentes spécifiques.
Les frais, l’aspect « automatique » et les pièges à éviter
Si la gestion pilotée à horizon est une solution séduisante, il faut garder un œil attentif sur les frais de gestion, parfois plus élevés que la gestion libre, bien que la concurrence tire certaines offres vers le bas. L’automatisation, aussi pratique soit-elle, peut entraîner une forme de « déresponsabilisation » de l’épargnant qui suit aveuglément la stratégie sans vérifier si elle reste adaptée à ses réels besoins. Enfin, rappelons qu’aucun mode de gestion du PER ne garantit le capital : même en sécurisant progressivement les allocations, le risque n’est jamais totalement effacé.
Changer (ou non) de stratégie : ce qu’il faut retenir avant de prendre une décision
Points clés à évaluer pour chaque profil d’épargnant
Avant d’activer la bascule, posez-vous les bonnes questions : êtes-vous à l’aise avec le pilotage de vos placements ? Votre horizon de retraite est-il lointain ou imminent ? À quelle volatilité pouvez-vous faire face sans craindre une nuit blanche ? Pour un jeune épargnant, la gestion pilotée à horizon ouvre un champ d’opportunités sur le long terme, tout en réduisant le stress des marchés ; pour un quadragénaire qui commence à envisager son départ, elle offre une sécurisation progressive salutaire. Quant à celles et ceux proches de la retraite, la vigilance reste de mise, notamment pour l’ajustement de la sortie et l’anticipation des questions fiscales.
Conseils pratiques pour passer à l’action sereinement
Pour franchir le pas, plusieurs réflexes simples s’imposent :
- Comparez les offres : examinez les frais, la diversité des supports proposés et la qualité du pilotage automatique.
- Analysez votre évolution patrimoniale : ajustez régulièrement si un changement de situation personnelle le justifie.
- Gardez en tête le caractère non garanti du capital
- N’oubliez pas la fiscalité à la sortie : anticipez son impact pour éviter toute mauvaise surprise le moment venu.
Enfin, n’hésitez pas à consulter les simulateurs mis à disposition pour tester les scénarios et mieux cerner le profil le plus adapté à votre horizon de vie.
La gestion pilotée à horizon représente une approche équilibrée et rassurante du PER, mais elle doit être abordée avec discernement. Si le système séduit par sa praticité et sa cohérence, il importe de rester vigilant : la meilleure stratégie sera toujours celle qui correspond précisément à votre profil et à vos objectifs. La retraite est un projet qui se construit dans la durée, sans précipitation. Peut-être est-il temps de reprendre la main sur votre épargne, ou au contraire de lui offrir une gestion experte pour traverser sereinement les incertitudes économiques à venir ? À chacun de déterminer le moment opportun pour évoluer, selon ses propres priorités.
Rédacteur junior sur Passion-entrepreneur.com, il apporte un regard neuf sur les tendances du business mondial