Blog entrepreneur Retraite Retraités en alerte : combien allez vous perdre si l’abattement de 10%...

Retraités en alerte : combien allez vous perdre si l’abattement de 10% est supprimé par l’Etat?

perte retraité abattement impôt revenu supprimé
Perte pour les retraités si l'abattement sur l'impôt sur le revenu est supprimé

L’idée de supprimer l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités suscite de vives réactions. Ce dispositif, en place depuis plusieurs décennies, bénéficie à 14,84 millions de ménages pour un coût total de 4,54 milliards d’euros en 2024. Or, plusieurs figures influentes, comme Gilbert Cette, président du Conseil d’orientation des retraites (COR), et Patrick Martin, chef du Medef, considèrent cet avantage fiscal comme anachronique et inadapté à la réalité économique actuelle. Si cette proposition devait être intégrée au budget 2025, elle entraînerait une hausse d’imposition significative pour de nombreux retraités. Certains foyers pourraient perdre jusqu’à 1 855 euros par an. Nous vous expliquons ce qui se passerait pour les retraités si cet abattement venait à disparaitre et ses conséquences financières.

L’abattement fiscal en question

Historiquement, l’abattement de 10 % accordé aux retraités avait pour objectif de compenser les frais qu’ils ne pouvaient plus déduire directement, contrairement aux salariés.
Ces derniers bénéficient également d’un abattement équivalent, mais celui-ci est justifié par leurs frais professionnels.

Selon le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), cette logique ne s’applique pas aux retraités. Dans un rapport publié en octobre 2024, l’institution recommandait de :

  • supprimer cette mesure
  • mieux cibler cette mesure

Selon elle, cet avantage fiscal est devenu un dispositif coûteux, sans justification économique ou sociale claire.

Le débat prend de l’ampleur à mesure que des personnalités influentes s’expriment sur le sujet. Patrick Martin a qualifié cette niche fiscale de « contre-nature » et a appelé à sa suppression. Cette position est partagée par Gilbert Cette, qui insiste sur la nécessité de garantir une imposition équitable entre les contribuables.

A noter qu’un changement sur l’impôt sur le revenu en 2025 est déjà actif puisqu’une révision des tranches a été effectué.

Des pertes importantes pour les revenus élevés

La suppression de cet abattement aurait des conséquences variables selon les niveaux de revenu des retraités. Actuellement, l’économie d’impôt qu’il génère est proportionnelle à la tranche marginale d’imposition (TMI) et plafonnée à un abattement de 4 123 euros.

Pour un couple percevant une pension totale de 3 425 euros par mois, par exemple, cet avantage fiscal représente une réduction d’impôt de 453 euros par an.

Les foyers situés dans les tranches les plus élevées de revenus subiraient toutefois les pertes les plus conséquentes. Avec une TMI de 45 %, les ménages concernés pourraient perdre jusqu’à 1 855 euros par an, notamment lorsque leurs pensions sont complétées par des revenus complémentaires.

Impact selon les niveaux de revenu

Une analyse détaillée réalisée par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) montre l’impact différencié de cette suppression selon les niveaux de vie.

L’étude, menée en divisant les retraités en vingtièmes de revenu annuel, révèle que les pertes augmenteraient de manière progressive avec les revenus.

Voici un tableau illustrant les pertes estimées :

Vingtième de revenu Revenu moyen annuel (en euros) Perte moyenne annuelle (en euros)
1er à 3e vingtième Jusqu’à 17 500 0 (non imposables)
7e vingtième 25 500 130
10e vingtième 30 000 300
14e vingtième 39 000 540
18e vingtième 55 000 780
20e vingtième 95 500 860

La suppression de cet abattement n’affecterait pas les retraités non imposables, soit environ 30 % de la population concernée, dont le revenu annuel est inférieur à 17 500 euros.

Pour les foyers plus aisés, cette réforme représenterait une ponction supplémentaire, exacerbant les disparités fiscales. Alors que les discussions budgétaires pour 2025 se poursuivent, cette mesure reste au centre des débats. Le gouvernement devra arbitrer entre la recherche d’économies et la préservation du pouvoir d’achat des retraités, déjà mis à l’épreuve par l’inflation.